En 1963, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) met au point la première interface graphique, le Sketchpad un logiciel de dessin interactif. Cependant, c’est en 1983, que le concept d’interface graphique est révélé au grand public. C’est un dispositif permettant de faire le lien entre l’être humain et une machine. Cela révolutionne le domaine de l’informatique et notre société. En effet, les interfaces ont conquis le quotidien, dépassant les frontières de l’imaginaire, grâce aux évolutions technologiques. Ces avancées deviennent les outils des designers qui en conçoivent l’esthétique et les fonctionnalités.
FAIRE LE LIEN ENTRE L’ÊTRE HUMAIN ET UNE MACHINE
En parallèle, nous observons une corrélation avec le cinéma de science-fiction qui est apparu avec la société industrielle et reflète les grands progrès de cette période. Pour autant, celui-ci s’attèle également à anticiper en mettant en œuvre les fantasmes des réalisateurs. En 2002, la figure de la science-fiction, Steven SPIELBERG imagine une société sans crimes initiée grâce à l’interface Précrime, dans le film Minority Report. Aujourd’hui, cela semble encore inconcevable, pour des raisons éthiques et technologiques.
Lorsque l’on parle de futur, le genre qu’est la SF (science-fiction) est la référence par excellence. Cela s’observe pendant l’âge d’or de la SF, la société est affligée d’un futur incertain, la guerre froide faisant rage. Le cinéma a alors un rôle salvateur, car il entrevoit des visions de l’avenir enthousiastes. Les designers qui par essence ont le regard tourné vers l’avenir s’inspirent de cet outil. De surcroît, le « design » est qualifié par « progettare » en italien qui signifie littéralement « se projeter dans le futur ». C’est le propos du design prospectif qui fait notamment l’objet d’un mémoire d’étudiants en design. S’inspirant de la SF et des conséquences environnementales actuelles ceux-ci proposent l’interface Artefact qui, dans un scénario futur, où l’humain s’est réfugié dans l’espace, synthétise des plantes ravivant l’espoir.
IL SEMBLERAIT QUE DESIGNERS ET RÉALISATEURS SOIENT VISIONNAIRES
Ainsi, il semblerait que designers et réalisateurs soient visionnaires, étroitement liés dans la quête du remodelage du réel. Ils s’influencent mutuellement, afin d’ouvrir le champ des possibles, puisant dans la manière d’exploiter les nouvelles technologies et de les imaginer. Cela attrait tout particulièrement aux designers FUI (interface utilisateur fantastique) dont le plus célèbre est Jayse HANSEN. Dans le cadre du film Les Gardiens de la galaxie, en collaboration avec le réalisateur James GUN, il retranscrit l’atmosphère avec des interfaces créatives, préservant un soupçon de pertinence. Cependant, il semblerait qu’au cinéma les interfaces soient souvent des prouesses visuelles cacophoniques, préférant axer le design sur l’effet produit. Certains designers s’alarment, tel que Jean BALLARD qui invite à ne pas négliger les contraintes sociétales actuelles. Les designers doivent garder un œil sur le quotidien, afin d’envisager un dessein humain possible et non une utopie. « Le designer n’est pas cinéaste ». C’est pourquoi les designers d’interfaces doivent préserver une certaine distance et réfréner la rêverie cinématographique.
Dans cette optique, en m’intéressant aux contraintes actuelles et au regard de notre destin, l’objectif serait de m’orienter vers un projet spéculatif ayant pour objectif de concevoir l’interface de notre futur. Pour ce faire, il s’agit dans l’article de répondre aux questionnements suivants :
- En quoi le design d’interface et le cinéma de science-fiction s’influencent-ils entre manipulation et libre-arbitre ?
- Dans quelle mesure le designer d’interface peut-il appréhender notre futur en prenant en compte les enjeux aux manettes ?